L’abandon de poste en CDI : comment réagir face à cette situation ?

De nombreux employeurs sont confrontés à un phénomène malheureusement récurrent : l’abandon de poste en CDI. Cette pratique, qui consiste pour un salarié à cesser de se présenter à son travail sans prévenir son employeur ni justifier son absence, peut générer de nombreuses conséquences et questionnements pour les entreprises concernées. Comment réagir face à cette situation ? Quelles sont les démarches à suivre pour protéger les intérêts de l’entreprise ? Voici un tour d’horizon des étapes clés à connaître.

1. Identifier rapidement l’abandon de poste

La première étape pour agir efficacement face à un abandon de poste est d’en prendre conscience rapidement. En effet, il n’existe pas de définition légale précise du délai au-delà duquel on peut considérer qu’un salarié a abandonné son poste. L’employeur doit donc être attentif aux absences injustifiées et répétées d’un salarié, afin de pouvoir réagir en conséquence. Un suivi rigoureux des présences et des absences est donc essentiel pour détecter rapidement un éventuel abandon de poste.

2. Tenter de contacter le salarié concerné

Lorsqu’un employeur suspecte un abandon de poste, il doit dans un premier temps tenter de contacter le salarié concerné, par tous moyens à sa disposition (téléphone, e-mail…). L’objectif est de vérifier si l’absence est justifiée ou non, et d’inciter le salarié à reprendre son travail. Il est important de conserver une trace écrite de ces tentatives de contact, qui pourront être utiles en cas de litige ultérieur.

3. Envoyer une mise en demeure au salarié

Si le salarié ne répond pas aux sollicitations de l’employeur et persiste à ne pas se présenter à son travail, l’employeur doit lui adresser une mise en demeure, par courrier recommandé avec accusé de réception. Ce courrier doit rappeler à l’intéressé ses obligations contractuelles et lui enjoindre de reprendre son poste sous peine de poursuites judiciaires. La mise en demeure constitue un préalable indispensable avant toute procédure disciplinaire ou contentieuse.

4. Envisager une procédure disciplinaire ou un licenciement pour faute grave

Si malgré la mise en demeure, le salarié continue de s’absenter sans justification, l’employeur peut engager une procédure disciplinaire, qui pourra aboutir à un licenciement pour faute grave. L’abandon de poste constitue en effet un manquement grave aux obligations du contrat de travail, susceptible d’entraîner la rupture immédiate du contrat sans préavis ni indemnités.

Toutefois, il convient d’être prudent dans la qualification des faits : il appartient à l’employeur de rapporter la preuve que le salarié avait bien l’intention d’abandonner son poste et non de prendre un congé ou de se mettre en arrêt maladie. En cas de contestation, les juges prud’homaux pourront être amenés à requalifier le licenciement en licenciement sans cause réelle et sérieuse, avec les conséquences financières que cela implique.

5. Ne pas tomber dans le piège de la démission d’office

Certains employeurs peuvent être tentés de considérer que l’abandon de poste vaut démission d’office, afin d’éviter une procédure disciplinaire et ses incertitudes. Or, cette solution est risquée : la jurisprudence considère en effet que l’abandon de poste ne peut être assimilé à une démission que si le salarié a clairement manifesté sa volonté de rompre son contrat de travail.

Une démission d’office prononcée à tort par l’employeur pourrait ainsi être requalifiée en licenciement sans cause réelle et sérieuse, avec là encore des conséquences financières importantes pour l’entreprise.

6. Gérer les conséquences pratiques de l’abandon de poste

Enfin, au-delà des aspects juridiques, l’employeur doit également gérer les conséquences pratiques de l’abandon de poste sur l’organisation du travail. Il peut être nécessaire de réorganiser temporairement les tâches et les responsabilités au sein de l’équipe concernée, voire d’envisager un recrutement pour remplacer définitivement le salarié absent.

Il est également important de veiller à la bonne information et communication auprès des autres salariés, afin d’éviter les rumeurs et les malentendus autour de cette situation.

Face à un abandon de poste en CDI, l’employeur doit donc agir avec rigueur et méthode, en respectant les étapes clés décrites ci-dessus. La vigilance est de mise pour protéger au mieux les intérêts de l’entreprise et éviter les écueils juridiques.